Musique des Premières Nations : territoire, amour et rire

Cap sur les peuples autochtones du Canada

Niveaux
Maternelle-12e année/Cégep

La musique des Premières Nations

Instruments

Les tambours à main, tambours de pow-wow, tambours à fente (log drums) et caisses de résonance en bois, tambours à eau et hochets sont communs à toutes les Premières Nations du Canada. Des peaux d'orignal, de chevreuil, de caribou, de wapiti ou de bison, selon la composition de la faune locale, sont utilisées dans la fabrication des tambours à main. L'aspect et la conception des tambours varient d'une nation à l'autre, mais tous ont en commun une peau d'animal, un cadre en bois d'essences variées, et des lacets faits de babiche ou de lanières de cuir pour fixer la peau au cadre.

L'estomac de l'animal, dont le cuir est plus épais, sert parfois à fabriquer des hochets. Une fois séché, on le remplit de petits galets, de grains de maïs séchés, de riz ou de perles pour produire le son caractéristique du hochet. Les tambours et hochets traditionnels accompagnent les chants. Ils ont aussi pour fonction de rythmer les célébrations, les jeux, les cérémonies et les prières.

Pour voir différentes images de tambours sur internet, tapez, dans le champ de recherche, « tambours cris en peau », « tambours à eau iroquois » ou « tambours de pow-wow ».

Variétés de chants

La conception et l'usage des tambours varie selon les groupes des Premières Nations à travers le Canada. Les chants salish de la côte ouest diffèrent considérablement des chants micmacs de l'est; les chants cris sont différents des chants pieds-noirs; les chants du nord ne ressemblent pas à ceux du sud. Même à l'intérieur d'une seule Première Nation, les chants de tambour traditionnels se distinguent des chants de tambour contemporains; les chants de hochet, des chants de tambour; les chants sacrés et cérémoniels, des chants profanes et des danses; les chants de danse en rond, des chants de pow-wow; et les chants de jeux de mains des chants de jeux de bâtonnets. Il faut savoir que les chants varient d'une nation à l'autre, tant par la mélodie que par la signification, l'usage, la technique vocale et le rythme; mais tous revêtent une grande importance nationale, familiale ou même personnelle.

La tradition orale

Les chants les plus aimés et significatifs peuvent être communs à un grand nombre de tribus et de nations. Les chants familiaux sont transmis d'une génération à l'autre par tradition orale. Certains de ces chants ont plus de 400 ans! La technologie moderne permet d'apprendre les chants profanes et traditionnels rapidement, même à distance. Les chants sacrés sont réservés aux cérémonies auxquelles ils correspondent, et il est rare qu'ils soient enregistrés ou seulement révélés à des étrangers.

Quand on entonne un chant, il est important de préciser d'où il vient et, autant que possible, ses origines et son contexte. Les chants enregistrés ou transcrits en notation musicale sont destinés à être chantés par tous ceux qui le souhaitent, mais le respect commande qu'on cite l'auteur ou le lieu d'origine d'un chant avant de se l'approprier.

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La tradition orale est la transmission d'un savoir traditionnel par la parole (sans trace écrite). La tradition orale a longtemps été le mode de transmission privilégié des chants, des contes et légendes, des pratiques de chasse, du langage, de la connaissance des plantes médicinales, de la cuisine traditionnelle, etc. On apprend par l'observation et l'écoute jusqu'à ce que la leçon soit assimilée. Une fois le savoir acquis, l'apprenti peut le transmettre à d'autres de la même façon.

Les gardiens des chants

Les gardiens des chants détiennent de nombreux chants anciens que leur ont appris des aînés et des gardiens plus âgés. Ils ont pour mission de préserver et créer des chants et de les transmettre aux autres, en particulier aux jeunes générations. Ils savent quels chants profanes diffuser, et quels chants sacrés réserver aux cérémonies auxquelles ils sont destinés. Les gardiens des chants peuvent les enseigner comme ils veulent, à leur entière discrétion. Quand on désire apprendre un chant particulier auprès d'un gardien des chants, on lui en fait la demande en respectant le protocole. On peut être gardien des chants dès l'adolescence, à condition d'avoir fait ses preuves et reçu de la communauté le droit de porter ce titre. Le protocole varie d'une tribu à l'autre à travers le Canada. Le gardien peut acquiescer à la demande ou la rejeter. Sa décision ne sera pas contestée, et ses motivations lui appartiennent. (Voir le plan de leçon sur les gardiens des chants.)

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Le protocole décrit la façon adéquate de s'adresser à un aîné, ou une autre personne qui détient des connaissances au sein de la communauté, quand on veut en apprendre quelque chose. Pour obtenir un enseignement (chant, prière, cérémonie) d'un ancien ou d'un gardien du savoir, il convient de lui remettre un présent en contrepartie. Ces présents peuvent prendre différentes formes : blague de tabac, couverture, pièce de drap, tresse de foin d'odeur, objet artisanal, etc. Par marque de respect, il est important de demander d'avance à la personne concernée quel protocole doit être suivi et ce qu'elle désire comme présent, car les protocoles peuvent varier d'une nation à l'autre et au sein même d'un groupe des Premières Nations.

Types de chants

Les chants sont classés par catégories. Ils peuvent être sacrés ou profanes, mais aussi appartenir à différentes catégories : de cérémonie, d'honneur, de prière, de danse ou de fête, air de flûte, etc. Chaque chant sert un but précis et est important pour la tribu, la nation, la famille ou la personne elle-même. C'est qu'en entonnant ces chants, on les préserve – les autres peuvent les écouter et les apprendre à leur tour – et on communique l'essence du langage ou du style de chant à travers le tambour ou le hochet. On dit que l'esprit du passé ou de la lignée familiale se trouve dans ces chants. Certains parviennent même à identifier de quelle zone géographique provient un chant traditionnel, selon les caractéristiques de ce chant.

Airs de flûte

La flûte est une forme de prière qui passe par la mélodie. La flûte exprime souvent l'état d'esprit de celui ou celle qui en joue. Quand on lui demande de jouer dans le cadre d'un événement spécial, par exemple, le ou la flûtiste dédie sa dernière pièce aux convives qui s'apprêtent à rentrer chez eux. Il ou elle imagine leur périple sur le trajet du retour, et l'air est joué à la flûte comme une prière pour que les voyageurs arrivent chez eux sains et saufs.

Comme le tambour de peau traditionnel, la flûte célèbre les peuples et les cultures des Premières Nations. Les chants viennent du coeur; ils sont parfois improvisés et parfois composés à l'avance. Les flûtistes prennent le plus grand soin de leurs instruments, tout comme les joueurs de tambour, car la flûte et le tambour ne sont pas des objets ordinaires. Le ou la flûtiste veille à ce que sa flûte ne soit jamais humide, souillée, gelée ou endommagée. L'instrument est souvent conservé dans une pochette de tissu ou un écrin en bois.

— Amanda Lamote, Première Nation Upper Nicola, C.-B.

Histoire de la flûte d'amour

Par Walter MacDonald White Bear

On m'a enseigné que la flûte était un cadeau offert à un jeune guerrier muet. C'était au temps de son initiation et il avait entamé sa quête de vision, qui est un rite de passage à l'âge adulte.

Pour accomplir ce rite, il faut jeûner pendant quatre jours sur la montagne. Le jeune homme a prié pour être guidé, se demandant, comme tous les humains, quel était le but de son existence.

Le troisième jour de son jeûne, un ours est sorti du bois et lui a remis une flûte en disant : « À compter de ce jour, ceci sera ta voix. »

Il est retourné vers les siens en tant que guerrier fraîchement initié. Apercevant une jeune femme qu'il avait toujours admirée de loin, il s'est mis à jouer une mélodie splendide et envoûtante. Cela évoquait l'appel du huard, dans lequel certains croient entendre la plainte d'un guerrier mort depuis longtemps qui frappe à la porte du monde des esprits, où il tente sans succès d'entrer pour retrouver sa bien-aimée.

En entendant la musique, la jeune femme est tombée sous le charme et elle a accepté d'épouser le jeune homme. Et c'est ainsi que la flûte a reçu le nom de flûte d'amour.