Les trois Grâces d’Ossip Zadkine (1888-1967) furent la première œuvre d’art visuel achetée pour le Centre national des Arts, ce qui en fait le point de départ tout indiqué pour découvrir la collection. Cette sculpture cubiste montre trois divinités abondamment représentées de la littérature gréco-romaine : Aglaé (splendeur), Euphrosyne (joie) et Thalie (abondance). Dans la mythologie, les Grâces jouent le rôle d’hôtesses, égayant les fêtes et organisant des danses. Qui de mieux pour accueillir le public d’un centre d’arts de la scène? Cette œuvre de bronze fut l’une des cinq seules réalisées à partir du même moule. Achetée avant l’inauguration du CNA, elle avait été conservée au Musée des beaux-arts du Canada (appelé à l’époque Galerie nationale du Canada).
Ossip Zadkine faisait partie d’un important groupe de sculpteurs cubistes qui ont suivi les premières expériences de Picasso. Né à Smolensk, en Russie, il a vécu et travaillé principalement à Paris et avait des admirateurs partout dans le monde. Ses études l’ont amené à Londres, où il s’est installé en 1909. Il y rencontre l’influent artiste Marc Chagall et un groupe d’expatriés russes, tous fortement influencés par le cubisme. De 1910 à 1914, il étudie à l’École des Beaux-Arts et participe à plusieurs expositions collectives à Paris, Berlin et Londres. Il remporte en 1950 le prix de sculpture à la Biennale de Venise. Six ans plus tard, la Galerie nationale du Canada monte une grande exposition de ses œuvres pour une tournée au Canada et aux quatre coins des États-Unis. Professeur influent, Ossip Zadkine a joué un rôle déterminant dans la formation d’autres artistes dont des œuvres figurent dans la collection du CNA, tels que Julien Hébert.