Cher·ère·s ami·e·s du Théâtre français,
Depuis que je vous ai écrit en janvier dernier, tant de choses ont été réfléchies, mises en place, essayées pour la production de La mouette que cette petite lettre ne pourra pas en rendre compte de façon exhaustive. (D’ailleurs, je l’écris sur mon ordinateur et non à la main comme la première fois, afin de maximiser l’espace!)
Quelques grandes lignes, tout de même, pour résumer le travail accompli :
Trois laboratoires ont eu lieu, grâce au Théâtre français et au Théâtre Prospero à Montréal. Le premier laboratoire s’est déroulé durant une semaine au mois de juin où on a travaillé l’adaptation de Guillaume Corbeil. En la célébrant tout d’abord, car Guillaume a fait un travail remarquable en redonnant au texte sa qualité orale et en l’approchant de notre français à nous. Puis en la questionnant avec les acteurs et actrices, revenant à la traduction française et à l’original (grâce à un des acteurs de la distribution, Igor Ovadis, né à Kyiv) pour être certain et certaine qu’on n’échappe rien.
La mouette parle, entre autres, de confrontation générationelle et, dans son sillage inconscient, de l’accompagnement de la nouvelle génération. Comme la performance d’une dizaine de minutes de l’acte I est l’œuvre d’un jeune artiste dans la pièce (Treplev qui a soif de formes nouvelles), j’ai eu envie, en confiant ce morceau, de partager le plateau et mes ressources financières avec une jeune metteuse en scène. Sophie El Assaad, durant le deuxième laboratoire, a travaillé avec Mattis Savard-Verhoeven et Madeleine Sarr sur la performance de Treplev et Nina ; ce que j’ai pu voir à la fin de cette semaine d’essais m’a ravie et j’ai très hâte que vous puissiez prendre connaissance de son travail.
Le troisième laboratoire vient tout juste de se terminer : nous avons pu lire la dernière version de l’adaptation qui est celle qui se rapprochera le plus de la version finale (ça se peaufinera jusqu’à la première représentation !) et nous avons présenté les maquettes du décor aux interprètes. Des essais scéniques ont été effectués tant dans l’espace qu’au niveau de théâtralité du jeu. Ce que je peux vous dire, c’est que nous avons tou·te·s hâte de plonger dans les répétitions au mois de novembre, la pièce de Tchekhov et l’adaptation de Guillaume Corbeil nous stimulent au plus haut point.
Nous avons également débuté le travail sur quelques textes qui seront lus à une soirée spéciale, à laquelle vous êtes tou·te·s convié·e·s !
Le lundi 4 décembre prochain, nous allons vous présenter, dans le studio Azrieli, notre cahier dramaturgique en 3D. Qu’est-ce qu’un cahier dramaturgique ? C’est un document constitué par un·e dramaturge, le résultat de ses recherches sur des textes connexes qui éclairent la pièce de théâtre travaillée. C’est en quelque sorte une enquête pour analyser les origines, les thématiques et la portée artistique et politique d’un texte. La matière que nous avons pu trouver autour de La mouette est si riche et intéressante que nous avons décidé d’en faire un « spectacle - soirée de lecture ». Et comme je dois mon amour pour Tchekhov à une actrice et professeure qui me l’a fait connaître au Conservatoire d’art dramatique de Montréal, il allait de soi que je demande à Patricia Nolin, invitée spéciale, de se joindre à la troupe cette soirée-là.
Au menu de cette enquête : des magnifiques nouvelles de Tchekhov, sa correspondance autour de la création de La mouette, sa rencontre avec Lydia Mizinova qui l’inspirera pour le personnage de Nina dans la pièce, ses réflexions sur son geste d’écriture, des lettres à sa dernière femme (l’actrice Olga Knipper) et le parfum de scandale qui suivait ses pièces.
La maison de Tchekhov était toujours pleine d’invité·e·s. Il avait un sens de l’hospitalité et de la fête qui témoignait de sa grande chaleur humaine et de son immense énergie vitale. C’est dans cet esprit qu’on a envie de vous accueillir !
Au très grand plaisir de vous voir le 4 décembre !
Catherine Vidal
