Lettre de Catherine Vidal, artiste en résidence

Une femme aux cheveux bruns bouclés portant une veste de velours bleu-vert.
Catherine Vidal, artiste en résidence © Frédérique Ménard-Aubin

Cher·ère·s ami·e·s du Théâtre français,

Je m’appelle Catherine Vidal et je suis metteuse en scène. Suite à la très belle invitation de son nouveau directeur artistique, Mani Soleymanlou, je serai artiste en résidence au Théâtre français du CNA pour la présente et prochaine saison. Est-ce parce que ma lecture des correspondances d’Anton Tchekhov au 19ème siècle m’inspire, que je n’ai pas pris le chemin du courriel pour arriver jusqu’à vous ? Peut-être. Vous pouvez aussi constater que je délaisse aussi le clavier pour vous écrire au crayon. C’est que, paraît-il, notre calligraphie en dit autant sur nous qu’une photographie. Et comme le but de cette lettre est de me présenter à vous… Bon. C’est vrai que j’utilise ici ma calligraphie la plus soignée et la plus régulière (et qui pourrait gommer certaines informations délivrées inconsciemment dans mon geste d’écriture) mais c’est dans l’objectif de faciliter le plus possible votre lecture parce que si je ne faisais pas attention, ça aurait l’air de ça et j’aurais peur de vous décourager de poursuivre la lecture de ma lettre même si c'est plus lisible qu’une calligraphie de docteur.

En parlant de docteur, revenons à ma résidence et de quoi elle sera construite. Je vais mettre en scène pour la première fois un texte du célèbre écrivain et docteur Anton Tchekhov. Sa manière de présenter des êtres humains sans jugement ni glorification, de donner le rôle de docteur aux spectateurs afin de diagnostiquer ce qui se passe sur scène, son inégalable capacité d’évocation et son humour ! Car oui, il a beaucoup d’humour ! Je vous en fournirai des preuves tirées de sa correspondance épistolaire !

Je m’attaque à La mouette avec grand plaisir et excitation avec une équipe extraordinaire (à découvrir sur le site internet du théâtre français du CNA, onglet résidence). D’ici le printemps 2024, la troupe d’interprètes, de concepteurs et moi-même allons fouiller sur et autour de l’oeuvre de Tchekhov, des thèmes évoqués dans la pièce (l’art et la création, la confrontation des générations, l’éternelle querelle des anciens et des modernes, entre autres) provoquer des rencontres entre vous et notre équipe sous forme de soirée de lecture, de création sonore, de discussions. Je maintiendrai avec vous cette correspondance si vous le voulez bien (je serais ravie de vous lire également si jamais l’envie vous prenait !) et j’animerai des discussions suite à quelques spectacles. Certains, certaines d’entre vous l’ont déjà constaté après la représentation de Cher Tchekhov, le soir du 18 novembre dernier. La prochaine fois que j’animerai une discussion, sera celle prévue après la représentation du 3 février de Cabaret noir de Mélanie Demers. Ce serait chouette de vous y voir ! Si vous ne connaissez pas Mélanie Demers, sachez que c’est une artiste formidable et inspirante avec laquelle parfois j’ai la chance de collaborer.

Je vous salue, amis du TF et vous laisse avec une lettre de Tchekhov.

Catherine

* * * 

Yalta, 26 décembre 1898

Très honorée collègue,

On m’a écrit de Moscou, et on le trompette à travers toute la ville, que La Mouette a eu du succès. mais comme de manière générale je n’ai pas de chance avec le théâtre, c’est une fatalité, une des interprètes est tombée malade après la première représenta-tion et ma mouette ne se joue plus. J’ai si peu de chance avec le théâtre, si peu, que, si j’épousais une actrice, nous engendrerions certainement un orang-outan ou un porc-épic.

Envoyez-moi un petit quelque chose d’autre à lire et écrivez-moi encore.

Votre A. Tchekhov

Mais j’ai oublié le principal: Bonne année !


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